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Comme
Le Jardin des supplices, ce volume résulte dun bricolage
de textes : Mirbeau juxtapose quelque 55 contes cruels parus dans
la presse entre 1887 et 1901, sans se soucier de camoufler les coutures,
et il les lie en tout artifice par le truchement dun personnage
de fort peu dépaisseur, dont le rôle est surtout de distribuer
la parole au hasard des rencontres, dans une anonyme ville deaux,
et de projeter sur les êtres et les choses sa propre neurasthénie, qui
les transfigure très expressionnistement.
"Luchon, où se situe le roman"
Ce refus de toute
composition va bien au-delà de la simple récupération de textes anciens
par un gestionnaire avisé : dans un univers sans rime ni raison,
où lhomme est déchiré entre leffroi de vivre et lépouvante
de mourir, le chaos de ces récits mis bout à bout reflète luniverselle
contingence.
Mais labsurdité
des situations, cocasses ou tragiques, est aussi le produit de laberration
dune société inégalitaire et oppressive, en proie à une espèce
de folie collective, où tout va décidément à rebours du bon sens et
de la justice. Ce défilé de maniaques et de toqués, de cyniques et de
fripons, dont certains sont empruntés au gotha de la politique, de larmée
ou du barreau de lépoque, finit par être jubilatoire, à force
de canailleries symptomatiques dune société bourgeoise qui pourrit
sur pied.
Pierre MICHEL
Une édition critique des 21 jours dun neurasthénique a
été réalisée par Pierre Michel, dans le tome III de luvre
romanesque de Mirbeau, Buchet/Chastel / Société Octave Mirbeau,
2000.
Depuis la fondation Claude MONET à Giverny, Olivier BARROT propose
la lecture de "les vingt et un jours d'un neurathenique" d'Octave
MIRBEAU qui écrivit des romans au vitriol sur la société de son temps.
Vidéo
de l'INA
Le texte du roman est accessible sur le site Internet des éditions
du Boucher, avec une nouvelle préface de Pierre Michel. Préface
d'Arnaud Vareille
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