|  |  Le héros de 
          ce roman-confession, Jean-François-Marie Mintié, raconte son enfance 
          désenchantée et son adolescence solitaire, l'expérience amère de la 
          guerre de 1870, dans les mobiles de l'armée de la Loire, puis le "calvaire" 
          que lui a fait gravir sa maîtresse, Juliette Roux, femme galante à laquelle 
          l'attache un amour dévastateur, face auquel la lucidité s'avère impuissante.
  Comme dans ses 
          romans parus sous pseudonyme, Mirbeau évoque la tragédie de l'amour, 
          sentiment incontrôlable, irrationnel et destructeur, dont il a souffert 
          terriblement pendant les trois années de sa liaison avec une femme de 
          petite vertu, Judith Vimmer, et qu'il exorcise par l'écriture. Il la 
          situe dans le cadre d'une histoire, récit à deux personnages 
          principaux, dans la lignée de Manon Lescaut, de labbé Prévost. 
          Et il lui donne une portée sociale et une dimension historique 
          : le veule Jean Mintié incarne une génération émasculée par la défaite.
 Le Calvaire illustré par Jeanniot Le deuxième 
          chapitre, où il raconte sans ambages, à la façon de Tolstoï dans Guerre 
          et paix, la débâcle des armées de la Loire, qui l'a marqué à tout 
          jamais, fit hurler les "patriotes" : Mirbeau s'y livre en 
          effet à une démystification en règle de l'armée et de la guerre, 
          et y met en cause l'idée même de patrie, qui génère de monstrueuses 
          et inutiles boucheries. Aussi bien Juliette Adam refusera-t-elle de 
          publier ce chapitre, par lequel le scandale ne manquerait pas darriver, 
          lors de la prépublication du roman dans la Nouvelle revue.
 Pierre MICHELUne édition critique du Calvaire a été réalisée par Pierre Michel, 
        dans le tome I de luvre romanesque de Mirbeau, Buchet/Chastel 
        / Société Octave Mirbeau, 2000. Le texte du roman est accessible sur le site Internet des éditions 
        du Boucher, avec une nouvelle préface de Pierre Michel.
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